• les abeilles : socièté bien organisée










    Nous allons nous intéresser maintenant à ces ouvrières car elles sont les plus nombreuses et ce sont elles qui assurent le fonctionnement de la ruche. Une ouvrière vit de 5 à 6 semaines au cours desquelles elle va connaître 5 métiers successifs : nettoyeuse, nourrice, bâtisseuse, gardienne et butineuse. Après quoi elle
    mourra
    Ce qui est étonnant ici, c'est que, dès sa naissance, l'ouvrière connaît « par coeur » ce qu'elle aura à faire au cours de son existence et dans quel ordre elle le fera !
    Toute sa vie sera consacrée au travail de la ruche, pour le bien-être de la société
    Nettoyeuse
    Tout d'abord, du premier au troisième jour, l'ouvrière sera femme de ménage :
    elle doit débarrasser la ruche de tous ses déchets 
    (excréments, cadavres d'abeilles


    Nourrice
    Au troisième jour de sa vie, elle abandonne les tâches du nettoyage pour se consacrer à son second métier : nourrice. Alors comme par enchantement, sa tête se transforme et2 glandes mammaires apparaissent ! Ces glandes vont servir à fabriquer un liquide très nourrissant, la gelée royale.Ainsi du troisième au dixième jour, l'ouvrière va nourrir les larves, les « bébés » abeilles, de miel, de pollen et de cette gelée royale
    On l'appelle gelée royale car si une larve en est nourrie pendant plus de 3 jours, elle deviendra une reine. Pourquoi ? Mystère ! Ce secret appartient aux abeilles et aucun biologiste ne sait encore pourquoi. Pour qu'il n'y ait pas des dizaines de reines dans la ruche, les ouvrières, intelligentes comme elles sont, vont donc s'arranger pour arrêter de donner cette gelée aux larves après leur troisième jour, sauf pour une ou deux qui en seront gavées. Alors une seule de ces larves deviendra reine et prendra la place de sa mère sur le trône

    Bâtisseuse : des architectes sans pareil
    Le dixième jour, les glandes mammaires de l'abeille disparaissent ! Elle va arrêter son travail de nourrice pour devenir maçon. Mais pour l'être, elle a besoin de matériel ! Alors encore une fois, comme "par magie", des glandes à cire vont apparaître dans son abdomen. Et là, l'une des plus grandes énigmes de la biologie va commencer : la construction parfaite des loges de cire qui vont constituer la ruche


    Pour ce travail de construction, les ouvrières vont travailler en équipe et à la chaîne


    Celle qui est en bout de chaîne voit la cire liquide sortir de son abdomen et se solidifier ! A l'aide de ses pattes, l'abeille prélève cette cire solide pour la porter à sa bouche. Elle va la pétrir en la « mâchant » pour lui donner une forme de boule


    Elle va ensuite passer cette boulette de cire à sa voisine qui elle-même la passe à sa voisine et ainsi de suite jusqu'à la dernière abeille dont le rôle est de façonner les rayons avec cette cire. Beau travail d'équipe, n'est-ce pas ? Mais le plus étonnant est à venir. C'est que cette dernière abeille va former des loges à forme hexagonale ! Pourquoi une forme à 6 côtés ? Pourquoi pas à 3, à 4, à 5, à 7 ou à 8 côtés


    Un scientifique, Karl von Frisch, prix Nobel et spécialiste du monde des abeilles, a essayé de comprendre pourquoi. Je vous laisse lire son analyse tirée de son ouvrage « Vie et mours des abeilles
    « Des cellules (loges) rondes, octogonales (à 8 côtés) ou pentagonales (à 5 côtés) laisseraient entre elles des interstices inutilisés, ce qui serait un gaspillage d'espace ; en outre, chaque cellule devrait avoir, dans ces cas, des parois qui ne lui serviraient qu'à elle seule, en partie sinon complètement, et il y aurait donc gaspillage de matériaux
    Dans le cas des cellules triangulaires (3 côtés), quadrangulaires (4 côtés) ou hexagonales (6 côtés), ces deux inconvénients tombent, puisque chaque paroi est commune à deux cellules voisines dans toute son étendue et est donc doublement mise à profit, et qu'il ne subsiste aucun interstice (...). Mais de ces trois formes géométriques de même surface, c'est l'hexagone qui a le plus petit périmètre (contour). 
    Ce sont donc les cellules hexagonales qui, à égalité de capacité, exigent le moins de matériaux. En outre, elles s'adaptent bien mieux que les cellules carrées et surtout que les triangulaires, à la forme arrondie des larves qui sont élevées dans bon nombre de ces loges.
    Avec leurs cellules hexagonales, les abeilles ont donc vraiment trouvé la forme la meilleure et la plus économique qui puisse se concevoir. Quant à savoir, comment elles y sont arrivées, c'est ce qui a déjà fait l'objet de beaucoup de discussions et d'articles, sans qu'aucun des savants qui ont étudié le problème soit parvenu à le résoudre. » 
    En d'autres termes, si les abeilles avaient étudié dans les plus grandes écoles d'architecture, elles auraient remporté les premiers prix ! Etonnant, n 'est-ce pas ? Mais qui a appris à ces abeilles cette perfection et cette économie de la construction ?

    Gardienne


    Au 18ème jour de son existence, l'abeille va abandonner son travail de maçon. Comme elle n'en a plus besoin, ses glandes à cire vont dégénérer


    Une 4ème mission l'attend maintenant : pendant 3 jours, elle sera gardienne de la ruche.
    Elle la défend farouchement contre les autres insectes qui voudraient se servir dans le miel ou même dans les larves. Mais elle empêche aussi les abeilles d'autres ruches de pénétrer


    Devinez comment elle fait pour les reconnaître ? Dans chaque ruche, la reine imprègne sa progéniture d'une substance odorante : les phéromones.
    Grâce à ses antennes qui détectent les odeurs, la gardienne reconnaît ses soeurs des abeilles étrangères.

    Butineuse


    Enfin au 21ème jour, l'abeille passe à son dernier métier : celui de butineuse.
    L'abeille va explorer les environs de la ruche sur un rayon de 3 km pour apporter du pollen et du nectar. Pourquoi être butineuse est son dernier métier ? Parce que c'est le plus risqué !
    En réponse à cette question, je vous cite la revue pédagogique « La hulotte » : « Ce n'est d'ailleurs sans doute pas par hasard que la Nature a fait de cette redoutable mission le tout dernier des travaux de l'ouvrière. » Les prédateurs : oiseaux, araignées, insectes. sont donc à l'affût des butineuses pour en faire leur repas. Les abeilles durant les premiers travaux sont à l'abri d'une mortalité excessive et aléatoire de façon à ce que le fonctionnement interne de la ruche soit assuré.

    En abordant le cas des butineuses, nous arrivons au summum de la perfection et du miracle des abeilles. Effectivement, lorsqu'une butineuse a découvert un champ de fleurs, elle revient à la ruche pour prévenir d'autres butineuses de sa trouvaille. Mais comment va-t-elle procéder ? Elle va communiquer à ses collègues la direction et la distance où elles vont pouvoir trouver ce champ de fleur, et ceci grâce à une danse en forme de 8 !
    Le premier à avoir découvert cet étonnant moyen de communication a été Karl von Frisch. Lorsqu'il a exposé cette découverte au monde scientifique, on s'est moqué de lui ! A l'époque, on pensait qu'il était impossible de concevoir qu'un insecte comme l'abeille n'ayant à peine de cerveau, puisse indiquer avec précision la direction et la distance d'un champ de fleur grâce à une danse ! 50 ans plus tard, d'autres chercheurs ont prouvé la véracité des travaux de Von Frisch : il ne s'était pas trompé, il avait bien raison. La communauté scientifique lui a alors décerné le prix Nobel pour son incroyable découverte !
    Qu'est-ce que cette mystérieuse danse en 8 ?
    On parle de danse en 8 car dans la ruche, la butineuse va tourner non pas en dessinant un cercle mais un 8. Pour indiquer la direction à prendre, la butineuse prend la verticale comme repère. Par exemple, si l'abeille fait sa danse à gauche de la verticale, c'est qu'il faut prendre à gauche en sortant de la ruche.
    Ensuite l'angle que fait le 8 formé par l'abeille avec la verticale indique l'angle de la direction qu'il faut prendre à la sortie de la ruche, toujours par rapport au soleil. Si cet angle est de 45°, cela signifie que le champ de fleurs est à gauche en sortant de la ruche et à 45° par rapport au soleil !
    Dessinez une pendule sur une feuille de papier. Placez les heures de 1 à 12. Dessinez maintenant le huit dansé par l'abeille dans le cadran. Tenez la feuille debout et regardez-la. Vous êtes dans la position des abeilles qui regardent leur collègue leur indiquant la direction à suivre. Puis posez la feuille à terre (ou à plat), le 6 vers vous et le 12 à l'opposé. Le sommet du huit vous donne la direction à suivre. Bonne chasse !
    Mais maintenant comment va-t-elle les renseigner sur la distance à parcourir ?
    Cette information est apportée grâce à la fréquence des 8 c'est à dire grâce aux nombres de tours par unité de temps : plus la fréquence est petite, plus la distance est importante. Par exemple, des chercheurs ont découvert qu'une butineuse qui fait 3 huit en 15 secondes indique que le champ de fleurs est à 2 km ! Vous comprenez maintenant pourquoi lorsque Von Frisch a exposé ses travaux, personne n'a voulu le croire : ce moyen de communication des abeilles est absolument hallucinant !
    Les butineuses très bien renseignées, quittent alors la ruche. Arrivées à destination, chaque butineuse va visiter près de 1500 fleurs pour prélever au total à peine un gramme de marchandise ! 
    Elles retournent ensuite à la ruche pour déposer ce nectar dans les loges. Mais pour pouvoir être conservé, le nectar doit perdre 67% de son eau. Pour cela, des ouvrières vont battre des ailes et faire évaporer ces 2 /3 d'eau !
    C'est ce nectar que les abeilles vont ensuite transformer en miel.



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